Partie n°6 : Triparadisos

Victoire conjointe de Démétrios et Eumène !

Commentaire d'Agathocle/Richard

Moi, prince Agathocle, n'ai régné sur le royaume légué par mon père Lysimaque que bien peu de temps.
Avant de ceindre le diadème, ma principale occupation avait été de lutiner les esclaves du palais et de m'entrainer à la palestre. Je n'avais pas conscience de la sénilité avancée de mon royal géniteur et le choc fut rude lors du premier conseil des Philoï :
La capitale Lysimachia, refondation de mon père sur la cité de Cardia en Chersonèse de Thrace, était tombée.
Les caisses étaient vides.
Ma principale force militaire était une flotte aux équipages surpayés, très loin de Lysimachia et donc totalement inutile.

Mes ambassadeurs partirent sur le champ :
La première ambassade alla à la rencontre des anciens amis de mon père, ses assassins. La cour antigono-eumènide
fut tout à fait courtoise et me démontra rapidement que je n'existais pas à leurs yeux. Sans doute avaient-ils déjà fait le partage de ce qui me restait. Rhodes et Byzance principalement.
La seconde ambassade fut plus fructueuse. Cassandre et Séleucos furent accueillants et acceptèrent le principe
d'une alliance constructive et surtout - pour mon trésor - d'un support financier.

Hélas, maudite soit ma futilité passée, je ne me rendais pas compte de la ruine financière de Cassandre et que cela allait rapidement entrainer sa ruine politique avec le licenciement de la totalité de ses troupes. L'équilibre des deux alliances que j'espérais rompre en faveur de mon nouveau camp était irrémédiablement détruit en faveur de l'ennemi. La confiance envers ma royale personne chancellait : voyant la situation, mes Philoï me tournaient le dos et mes esclaves refusaient de le faire...

Je restais accroché sur l'idée d'une aide financière séleucide qui me permettrait de retourner les troupes d'Eumène en Chersonèse et d'éviter qu'elles ravitaillent par les terres ma belle Lysimachia. Hélas, Séleucos par manque d'argent ou par manque de confiance attendit un peu avant de donner l'argent qui fut d'ailleurs immédiatement consommé pour payer la flotte (alors qu'il aurait fallu corrompre l'adversaire et laisser cette flotte se rebeller). J'essayais de convaincre Séleucos de la nécessité de corrompre l'adversaire avec un nouveau subside mais non, Séleucos ne voulait pas courir le risque d'un échec de la corruption et proposa un plan purement militaire avec recrutement de mercenaires thraces pour attaquer les forces d'Eumène. Plan hélas impraticable à moins de compter sur l'inattention adverse. Inattention qui n'eut pas lieu.

Pendant ce temps, Cassandre se faisait tailler en pièces et Séleucos commençait à reculer vers ses bases iraniennes.
Il était temps de reconnaître la suprématie d'Antigonos et d'Eumène...

Agathocle.

Commentaire de Démétrios/Roger

Pour ma première partie (des Diadoques mais aussi de jeu diplomatique -stratégique), j'avoue être content de mon score. Vainqueur avec Guy face à des joueurs expérimentés, c'est pas si mal ! Surtout que la partie avait mal commencé. J'ai été rapidement attaqué par Lysimaque qui rodait sous les remparts de ma capitale. Avec Eumène qui monnayait grassement ses services (Ah Ancyre!) j'ai cru ma dernière heure arrivée.
C'est lors de l'année 314 que le sort de la guerre a basculé. Je suis toujours étonné de l'absence de réaction de Cassandre face à l'invasion de la Macédoine et de la Grèce. Avec l'élimination de Cassandre, il ne restait plus qu'a en finir avec Séleucos .... Mais il est vrai que l'idée d'attaquer Eumène dans le dos m'a traversé (très rapidement) l'esprit. Surtout que vu les états de service d'Eumène, j'ai toujours redouté que son but ne soit la victoire totale.
Enfin, je me suis plongé dans l'histoire de cette période. J'ai découvert coup bas, assassinat, traîtrise, corruption ... La vie de Pyrrhus est particulièrement captivante, ainsi que celle de Démétrios Porliocète et de son fils qui réussit à créer une dynastie Macédonienne. (je vous recommande ce site, c'est en anglais mais très intéressant). Les celtes qui balayèrent les phalanges dégénérées des successeurs des Diadoques. Mais aussi le royaume de Gréco Bactriane, qui réussit là où Alexandre s'était arrêté à envahir l'Inde (j'ai commencé un site que je vais développer).

En vous remerciant de cette partie acharnée (en particulier Loïc pour son arbitrage et Guy pour ses conseils), je vous souhaite à tous de bonnes vacances.

Vous pourrez me rencontrer sur une autre partie des Diadoques car je souhaite ne pas en rester là.

Commentaire d'Eumène/Guy

C'est peut-être Loïc qui va être déçu mais au départ, je n'était pas très chaud pour jouer à ce jeu. Les règles me semblaient compliquées, je n'y comprenais rien (remarquez qu'elles m'échappent toujours !), je mélangeais tout, les ravitaillements avec les entretiens, les dynasties me semblaient complètement ésotériques, enfin, je me suis inscrit pour participer sans trop de conviction. Je pensais pousser quelques pions avant de partir par la petite porte.

J'étais bien loin de penser trouver un jeu passionnant qui allait prendre une bonne partie de mon temps à élaborer des stratégies et à écrire des longues lettres de négociation.

L'année 319 :



C'est l'heure des négociations avec tout le monde. Je négocie un terrain neutre avec Antigone, et un accord de partage avec Séleucos. Cela me donne une certaine tranquillité pour prendre les deux Citadelle majeures d'Alexandrie d'Issos et de Soloï le long de la Méditérranée et le port de Trébizonde en mer Noire. Tout marche bien, je suis bien placé pour conquérir ces villes d'autant plus que des frictions se remarquent déjà entre les deux beaux-frères Ptolémée et Séleucos ainsi qu'une attaque de Lysimaque sur mon voisin Antigone.

L'année 318 :



Cassandre, ayant signé un traité de paix avec Lysimaque se développe tranquillement, il commence se partage la méditerranée avec Ptolémée. Lysimaque a les mains libres pour enfoncer mon voisin Antigone. J'en profite outrageusement pour me placer sous les remparts d'Ancyre que j'avais laissé à Antigone. Je ne donnais plus cher de la peau de celui-ci. Au sud, la guerre fait rage entre Séleucos et Ptolémée. J'en profite pour me développer au nord et mettre le siège de Panticapée.
Finalement, ce jeu commence à me passionner.

L'année 317 :



Cassandre est devenu très fort. Il se développe sans ennemi. Ses flottes règnent sur les mers.
De mon coté, je teste une nouvelle méthode de jeu : Le racket. Je taxe Séleucos pour l'aider dans sa lutte contre Ptolémée, et je m'en mordrai les doigts les tours suivant car Ptolémée va s'effondrer au profit de Séleucos. Au centre je fixe comme condition à Antigone de m'ouvrir les portes d'Ancyre pour sceller une alliance entre nous. Contre toute attente celui-ci s'exécute ! C'est à ce moment là que j'ai pris une magnifique décision :
J'ai pensé pouvoir prendre facilement des centres à Antigone, mais après ? Que va-t-il se passer ; je risque de me trouver seul face aux autres, alors puisque Antigone semble décidé à l'alliance, je vais le soutenir à fond, militairement, financièrement, diplomatiquement mais aussi lui envoyer mes meilleurs conseillers militaires pour les actions à entreprendre.

L'année 316 :



Mon aide surprend Lysimaque et justement au moment où Cassandre le trahit, de coup Lysimaque perd beaucoup de terrain et Antigone est sauvé. L'alliance Cassandre Séleucos prend le pauvre Ptolémée en Sandwich, je maintiens une pseudo paix avec Séleucos le temps de regonfler Antigone et attaque Lysimaque au nord. Cassandre reste le maître des mers avec toutes ses flottes.

L'année 315 :



J'attaque Séleucos qui devient vraiment très puissant, mais il se passe une chose incroyable : Cassandre offre la citadelle majeure de Cyrène à Séleucos, du coup, ce dernier aura les moyens de repousser mon attaque, pourtant, j'étais sous les remparts de sa capitale Babylone.
Mes diplomates vont intervenir pour rallier Lysimaque et Ptolémée à notre cause et de lutter contre l'alliance Cassandre, Séleucos et mes militaire portent le choix de l'attaque sur Cassandre. Il est décidé de pousser Antigone à attaquer à fond Pella, la capitale de Cassandre quitte à y perdre des plumes. J'arrive heureusement à convaincre mon allié de tenter ce tout pour le tout.

L'année 314 :



L'attaque porte ses fruits. Antigone corrompt une flotte de Cassandre et débarque sous les remparts de Pella, de mon coté, j'attaque par le nord les terres de Cassandre en laissant Lysimaque reconquérir les terres autour de sa capitale. Ce dernier, participe activement au convoi de l'armée et du Diadoque Antigone.
Cassandre décide d'attaquer les citadelles côtières majeures et met le siège de Soloï.
Au sud, Séleucos me repousse mais ne menace pas mes terres.

L'année 313 :



La capitale de Cassandre est prise ! Celui-ci n'est plus si fier, je perd une citadelle majeure mais mon allié a réussi notre plan. Notre alliance est mathématiquement plus puissance que nos ennemis.
Lysimaque met le siège de Rhodes, Cassandre le puissant s'effondre. Ha ha ha, Séleucos va se retrouver bien seul.
Pourtant, tout n'est pas si rose. Ptolémée négocie très peu, en fait nous n'avons aucune nouvelle de lui, il n'écoute pas mes conseils et ne répond pas à mes ambassadeurs. Il est avec nous, mais en solo, je ne pourrai rien faire contre son élimination au profit de Séleucos.

L'année 312 :



C'est l'année de la trahison, nous décidons de laisser Lysimaque sur le carreau en lui prenant par traîtrise sa capitale. J'avoue être à l'initiative de cette action, Roger n'était pas très chaud. Mon calcul n'était pas si bon car j'avais prévu son anéantissement immédiat, or notre cher arbitre n'a pas strictement appliqué les règles du jeu alors ça été chaud car bien sur, Lysimaque a changé de camps. Notre 2èmé allié Ptolémée se fait éliminer de la partie, et j'ai la surprise de recevoir de sa part un don de ses derniers ducats. Crois moi Erwann, je les ai utilisés de la manière la plus judicieuse possible contre ton bourreau.
Au sud, je lance une 2ème diversion contre Babylone.

L'année 311 :



Nous faisons une grave erreur. Connaissant toujours mal les règles, même après deux ans de jeu, je n'imaginais même pas que l'on puisse construire dans les citadelles mineures. C'est bien sur ce que va faire Cassandre et, financé par son allié Séleucos, il va renter de reprendre sa Capitale à Antigone. Une savante combinaison va mettre fin à ses espoirs et, défendue mordicus par mes mercenaires, Pella restera la propriété d'Antigone. Ce dernier prendra Rhodes à Lysimaque et les citadelle majeures du continent propriétés de Cassandre.
Au sud, je continue ma diversion sur Babylone.
Mon allié Antigone devient très puissant, et ça commence à me faire peur car mes positions sont éclatées !

L'année 310 :



Antigone corrompt les dernières flottes de Séleucos et met le siège sur deux de ses citadelles majeures. Une tempête en sauvera une. Séleucos encore très puissant se trouve comme paralysé et dépense ses forces dans la défense de sa capitale. Il y parvient, mais à quel prix ! Les finances lui manquent pour soutenir Cassandre qui s'effondre, Lysimaque tente une contre attaque au nord mais celle-ci échoue devant les défenses méthodiques de mes troupes.
Seul la trahison d'Antigone pourrait encore changer le cours de l'Histoire. Au contraire, il m'ouvre grandes les portes de Pella afin que mes troupes y fassent la fête mais aussi lèvent les impôts d'hivers. Mes armées sont sous les remparts du bastion terrestre Cyrène, les flottes d'Antigone mettent le siège d'Alexandrie et Eumène en personne fait une croisière d'agrément dans le golfe Persique. De son navire, il propose la paix et une retraite dorée a tous ses ennemis. Ceux-ci, pressés d'en finir avant les vacances et trouvant une union parfaite Antigone-Eumène contre eux, baissent les armes et déclarent vaiqueur de TRIPARADISOS l'alliance ANTIGONE-EUMENE.

Petit commentaire personnel :

Cette partie a été un réel plaisir pour moi.
Après avoir choisi mon allié Antigone, que je pense quand même avoir sauvé de la dernière place, j'ai eu le plaisir de voir s'effondrer Cassandre le plus puissant du jeu. C'est vrai que j'ai demandé à Antigone de prendre tous les risques (au début), mais ça été payant. Au contraire de Ptolémée qui n'écoutait jamais mes conseils.
Après une guerre fulgurante contre Cassandre nous avons plutôt fait une guerre économique où tout était calculé. Les ressources et le trésor de nos adversaires, chaque possibilité de mouvement et on planifiait nos actions en fonction de l'objectif annuel fixé. Progressivement, nous avons grignoté du terrain.
Ma plus grande crainte était bien sur une trahison d'Antigone. Si au début de notre alliance, il n'avait pas le choix, nos forces se sont ensuite équilibrées pour basculer en sa faveur. Il aura quand même fallu qu'il m'ouvre deux villes pour que nous obtenions l'équilibre de 9 points de victoire chacun.
D'un autre coté, s'il me trahissait, disons dans les derniers tours c'est Séleucos qui en aurait tiré profit. Dans ce cas, je pensais prendre facilement Pella avec un siège de deux tours et Cyrène bien sur contre la perte de ma capitale. Je pensais alors rendre sa capitale à Lysimaque pour former un nouveau front et Antigone aurait été mal. La partie aurait alors été relancée pour un temps très long, alors je pense que Roger a fait le bon choix.
Je n'est pas compris pourquoi Séleucos s'est acharné à jouer défensif contre moi alors qu'il était très agressif contre Ptolémée. A sa place, je n'aurais jamais accepter la fin de partie proposée mais j'aurais foncé sur ma capitale Tyane, très mal défendue. Il fallait prendre ce risque et tenter de retourner Antigone. Heureusement, notre alliance semblait indéboulonnable.
Je pense avoir fait ce qu'il y avait de mieux en demandant cette égalité ANTIGONE-EUMENE, je ne voyais pas du tout comment faire pour obtenir la victoire en solo d'autant plus que ma capitale n'était plus que très mal défendue. Mais les batailles de TRIPARADISOS vont me manquer, peut-être ne suis pas fait pour la paix !
Bien sur, je terminerais ma bafouille en remerciant Loïc pour son arbitrage parfait et impartial, c'est grâce à des personnes comme toi que nous pouvons faire vivre ce merveilleux passe-temps.

Guy

Commentaire de Séleucos/Emmanuel

Voici les points que je souhaite mettre en avant :

La suite vous la connaissez, cela pourrait être un titre de film "Séleucos fait de la résistance". Si j'ai accepté la proposition de paix et de victoire du tandem Antigone/Eumène, c'est parce que je pensais inébranlable cette alliance qui aurait pu voler en éclat mille fois durant ces 2 ans !

Cette partie fut passionnante, tant par la qualité tactique des joueurs, les négociations soutenues et un arbitrage excellent.

Je ferai tout de même une suggestion pour tout remplacement de joueur en cours de partie: l'inciter à poursuivre dans la même voie que son prédécesseur au moins à court terme. Et ma remarque est valable pour tout jeu de stratégie.

Message perso pour Guy: si tu es frustré de mon attitude trop pacifique à ton égard, je veillerai à te contenter la prochaine fois... Au fait tu peux me rendre mes talents ?

Amicalement,
Emmanuel.

Commentaire de Ptolémée/Erwann

Partie très intéressante et pis ... j'en sais trop rien j'ai décroché assez rapidement et le niveau des autres était bien supérieur au mien.

Commentaire de Cassandre/Samuel

Je commence avec Cassandre. Bien ! Le régent a une position que je trouve très solide défensivement (montagnes, mers, province capitale avec une cité mineure en soutien, que demande le peuple ?!) et il possède un avantage de poids avec les membres de la famille de royale au niveau du prestige. Je décide donc, d'un point de vue général, de miser sur le long terme en essayant d'obtenir une "victoire aux points" plutôt qu'une "victoire par K.O.".

Stratégiquement, j'identifie deux points faibles au dispositif du régent: la position trop proche de Lysimaque ; la table des événements qui prévoit de nombreuses révoltes en Grèce et des invasions (gauloises, romaines, etc ...). Afin de parer à ces deux faiblesses, je décide d'une part de tout miser diplomatiquement sur Lysimaque (ce qui me coûtera fort cher à moyen terme, mais se révélera payant au début), et d'autre part de sécuriser le maximum de citadelles (même mineures) en Grèce afin de pouvoir riposter rapidement et dans de bonnes conditions aux révoltes grecques. Mon plan général consiste à m'emparer de la Grèce en encourageant un conflit Lysimaque/Antigone (dans lequel je compte soutenir - mollement - Lysimaque, afin d'user les deux adversaires) et à m'assurer de la neutralité de Ptolémée. Une fois solidement établi, je comptais me déployer en fonction des résultats du conflit Lysimaque/Antigone : en cas de victoire de Lysimaque, je comptais m'en servir comme "brise-glace", le soutenant avec de l'or et grignotant des citadelles au nord (contre Eumène probablement) et au sud (contre Ptolémée), jusqu'au moment où je pourrai le trahir et affronter les adversaires restants (Eumène et/ou Ptolémée) avec le soutien de Séleucos ; en cas de défaite de Lysimaque, je comptais m'appuyer sur Eumène contre Antigone, puis sur Séleucos contre Eumène. La seule chose que je n'avais pas prévu, et qui arrivera, c'est que le conflit Lysimaque/Antigone n'aura pas de vainqueur car Eumène saura les convaincre d'arrêter leur conflit pour se retourner contre moi, ce que nous verrons dans la suite du récit ...

Du point de vue de la table des événements en revanche, mes craintes furent infondées car elle me fut extrêmement favorable (je trouve), et si quelques révoltes me mirent en difficulté, elles ne furent pas décisives (je crois) dans ma défaite, alors que certains événements m'aidèrent considérablement à croître ou, en fin de partie, à éviter une chute trop rapide ; nous aurons aussi l'occasion de le voir dans la suite ...

-319

Conformément à mon plan initial, je me déploie lentement en Grèce pour rassurer Lysimaque, qui semble me faire confiance.
La seule anicroche de cette année -319 est la mort d'Olympias, une auxiliaire qui m'eut été bien utile, mais cette malchance est largement compensée par la tempête qui empêche Ptolémée d'assiéger Rhodes, ce dont je tire immédiatement profit (initialement, je ne comptais pas vraiment m'emparer de Rhodes, mais plutôt "montrer les dents" à Ptolémée pour pouvoir négocier une neutralité qu'il m'aurait je pense accordé).

Afin de me garantir définitivement d'un "coup de main" éventuel de Lysimaque contre ma capitale, et aussi de m'emparer le plus rapidement possible de toutes les cités grecques, je recrute une armée supplémentaire en hiver. D'une manière générale, je privilégierai tout au long de la partie une armée nombreuse à un trésor bien plein, ce qui me laissera relativement vulnérable face aux tentatives de corruption. D'un autre côté, j'escomptais manoeuvrer habilement afin d'éviter toute corruption "dévastatrice". Tout est affaire d'équilibre et de dosage dans ces cas-là.

En tout cas, l'année -318 s'annonce bien.

-318

Tout va bien en effet. Je sécurise Rhodes et Athènes. Le soulèvement de Sparte est plutôt favorable puisque s'il ralentit potentiellement ma progression, il dissuade sans doute définitivement Ptolémée de mettre les pieds en Grèce. Surtout Lysimaque se lance contre Antigone. On s'achemine doucement vers un conflit Lysimaque contre Antigone d'une part, Ptolémée contre Séleucos d'autre part, avec Eumène comme trublion. Trop engagé contre Antigone, je considère que Lysimaque ne peut plus me trahir et décide donc de construire deux flottes en hiver afin de remplir trois objectifs (+ un éventuel) :
  1. achever la conquête de l'ouest de la carte (Tarente) pour pouvoir ensuite porter toutes mes forces à l'Est
  2. sécuriser les mers
  3. soutenir Lysimaque dans son offensive le long des côtes
  4. attaquer éventuellement Ptolémée si l'occasion se présente
La seule ombre au tableau réside dans le recrutement de flottes par Ptolémée.

-317

L'année -317 est un premier tournant (je crois).

Je continue d'investir la Grèce et de verrouiller les mers face à Ptolémée. Trop confiant, je laisse pour le moment Lysimaque seul face à Antigone, certain qu'Eumène trahira Antigone à un moment ou à un autre. Sur mer, la menace directe posée par Ptolémée s'éloigne ; en revanche je n'avais pas prévu une incursion de Ptolémée dans le conflit entre Lysimaque et Antigone (ce qui permettra à Antigone de tenir, et la suite montrera toute l'importance de la défense active d'Antigone dans l'échec de mon plan initial).

Une alliance stable Antigone/Eumène/Ptolémée contre Lysimaque me paraît très improbable, car je crois Ptolémée trop occupé par son conflit avec Séleucos. Jugeant (à tort) que Lysimaque est encore dans une bonne position pour l'emporter contre Antigone (à qui je ne donne pas deux ans à vivre), je recrute dans l'optique de terminer l'investissement de la Grèce (Sparte), de sécuriser définitivement les mers face à Ptolémée et d'investir Cyrène pour forger une alliance (objective) avec Séleucos. Si Lysimaque parvient à battre Antigone, ou même simplement à résister à une éventuelle alliance Antigone/Eumène (que je juge, rappelons-le, provisoire), j'estime encore avoir le temps de me porter à son secours avec mes flottes et surtout des armées qui n'auront plus d'utilité en Grèce.

Enfin d'un point de vue général, Eumène étant désormais en tête, j'estime (à tort) qu'une alliance générale contre lui deviendra bientôt inévitable et gèlera tous les autres conflits. Je ne cesse donc de "travailler" Antigone pour arbitrer le conflit Lysimaque/Antigone afin de monter une alliance contre la menace que représente Eumène, et que je juge (à raison cette fois) être mon ennemi pour la victoire dans cette partie.

Quant à Lysimaque, qui a besoin de mon aide, je parviens à la négocier contre Cléopâtre (qui malheureusement décédera au printemps de l'année suivante).

-316 Une année à la fois très bénéfique et en même temps une année de perdue.

L'offensive contre Ptolémée se déroule bien, la Grèce et ses alentours sont investis (la révolte des Etoliens est un inconvénient mineur) et je peux espérer rétablir la situation dans le conflit entre Lysimaque et Antigone, qui est désormais un conflit Cassandre/Lysimaque contre Eumène/Antigone. Avec ma déclaration de guerre contre Ptolémée, on s'achemine vers un affrontement généralisé Cassandre/Lysimaque/Séleucos contre Eumène/Antigone/Ptolémée.

Je dois admettre cependant ne pas avoir cherché à optimiser mes mouvements cette année-là, et ce contre-temps me coûtera cher les années suivantes.

-315

Le second tournant : Lysimaque me trahit !

Contrairement à ce qu'ont crû d'autres joueurs, je n'ai jamais eu l'intention de trahir Lysimaque. En effet, et c'est ce que je n'ai cessé de répéter à Lysimaque, je n'avais aucun intérêt à le trahir : en prenant sa capitale, je ne récoltais que 10T supplémentaires par an et me faisait un ennemi supplémentaire, sans parler de l'avance trop grande que j'aurai eu sur Eumène et qui aurait été une raison supplémentaire pour les autres joueurs de se liguer contre moi. En soutenant Lysimaque au contraire, je continuais à bénéficier d'un potentiel de 30T (car une capital rapporte 30T à son propriétaire légitime) + la valeur du Diadoque (Lysimaque).

Cependant Lysimaque n'était plus joué par le même joueur (l'autre joueur ayant abandonné la partie) : la relation de confiance que j'avais réussi à établir avec lui ne valait plus rien. Il fallait tout recommencer et le nouveau joueur de Lysimaque estima, au vu des seules données objectives de la situation, qu'il valait mieux me trahir (peut-être a-t-il eu réellement peur que je m'empare de sa capitale ?). Toujours est-il que début -315, je savais que Lysimaque n'était plus dans mon camp et j'avais peu de moyens de faire face à la situation, sinon en essayant de faire des "coups" qui déstabilisent mes adversaires ou provoquent un retournement contre Eumène. Je ne cessais également de négocier avec Lysimaque, Antigone et Ptolémée pour trouver des "plans de paix" qui auraient permis de monter une alliance générale contre Eumène (j'étais par exemple prêt à céder deux citadelles majeures afin de passer "derrière Eumène" et de rétablir une certaine égalité entre les membres d'une telle alliance).

Las, toutes mes négociations échouèrent, pour plusieurs raisons sans doute :

Ici je ne peux faire que des conjectures quant à l'échec de ma diplomatie, mais il est certain que la défection inattendue de Lysimaque fut le plus gros coup porté à ma stratégie initiale, et c'est à partir de ce moment que commença la chute pour moi ...

Stratégiquement parlant, et sachant que Lysimaque souhaite me trahir, je décide de le frapper en premier pour prendre le contrôle des détroits (afin d'empêcher une invasion terrestre trop massive) et essaie de m'emparer de Lysimaque, ce qui réussit en automne. Avec Lysimaque comme otage, j'essaie de convaincre son joueur de s'allier de nouveau avec moi, promettant de libérer son Diadoque (ce que j'avais l'intention de faire pour pouvoir repousser l'alliance Antigone/Eumène décidément de plus en plus menaçante). Peine perdue.

Du côté de Ptolémée/Séleucos, je décidais de soutenir Séleucos coûte que coûte puisque ce dernier s'avérait être mon dernier allié sur la carte, et aussi le plus susceptible de m'apporter de l'aide contre Eumène, véritable génie de la conspiration et qui semblait coordonner la stratégie de l'ensemble de mes adversaires.

En hiver je prenais donc une décision de taille : je sacrifiais la défense de Pella et versais pratiquement tout mon trésor à Séleucos pour lui permettre d'organiser la protection de sa propre capitale, et même espérais-je une contre-attaque efficace contre Eumène. J'espérais qu'après la chute de Pella (et donc la chute des mes points de victoire), les joueurs comprendraient tous qu'une alliance générale contre Eumène, au moins provisoirement, était nécessaire. L'année -314 s'annonçait donc sombre, mais je ne perdais pas complètement tout espoir.

-314

La fin de mes espoirs. Il est évident que la situation profite à Eumène mais aucune coalition contre lui ne semble désormais possible car nous sommes tous trop engagés dans les royaumes des uns et des autres pour nous faire confiance. Je continue de coopérer aussi efficacement que possible avec Séleucos pour compenser (un peu) les pertes nombreuses que je prévois en Grèce (en rêvant, pourquoi pas, de transporter ma capitale à Alexandrie d'Egypte si le dernier membre de la famille royale tombe entre mes mains ...). Je ne négocie plus avec Eumène (mes dernières négociations datent de -315 je crois, sauf erreur de ma part) ni avec Lysimaque. Mes dernières suppliques s'adressent à Antigone, en vain (mais je comprends parfaitement Antigone qui se trouvait dans une situation quasi-inextricable). En automne -314, et devant l'avancée inévitable des troupes de la coalition emmenée par Eumène, je décide de sacrifier tous les membres de la famille royale que j'ai entre les mains afin de bien montrer que le Régent n'ayant bientôt ni puissance ni prestige, il ne représente plus un danger pour le monde grec, et qu'Eumène est le véritablement ennemi (ce que je m'épuisais à répéter en fin de partie et à la fin de tous mes discours : delenda Cartago ...). Je décide également de porter tous mes efforts contre le territoire d'Eumène (Soloï) et de laisser Antigone libre de réorganiser sa défense (dans l'espoir qu'il trahira Eumène un jour ou l'autre) ... Je tirai mes dernières cartouches et l'année -313 ne verra que le développement de ce qui était déjà prévisible en -314 : effondrement de la Grèce devant les coups de boutoir de la coalition menée d'une main de fer par Eumène ; effondrement de Ptolémée au profit de Séleucos (qui conserve sa capitale, contrairement à moi) ; combats incertains, mais trop tardifs pour me sauver la mise, aux frontières du royaume d'Eumène.

Je crois avoir arrêté fin -313 (je précise que je n'ai pas arrêté à cause de la perte de ma capitale mais parce que j'ai arrêté toutes mes parties en cours sur Objectif pour raisons professionnelles ...).

D'une manière générale, j'ai grandement apprécié cette partie et le fair-play de tous les joueurs. Toutes les dimensions(diplomatiques, stratégiques, tactiques) du jeu ont été pleinement exploitées (je ne sais pas ce qu'en pense l'arbitre ?) et les rebondissements furent nombreux et agréables à vivre. Mon seul regret aura été le retournement inattendu de Lysimaque dû à un changement de joueur : j'aurai bien aimé savoir ce qui se serait passé si Lysimaque était resté dans mon camp pour une année supplémentaire (mais avec des si ...). Quoiqu'il en soit, je pense qu'Eumène fut incontestablement le plus fort diplomatiquement en réussissant à convaincre Antigone de rester à ses côtés aussi longtemps. Stratégiquement, Eumène et Séleucos se partagent la palme. Tactiquement je pense avoir réussi de jolis coups, et aussi avoir été nul à certains moments (j'ai "gâché" certains mouvements évidents, mais je pense que cela arrive à tous les joueurs, non ? rassurez moi !). Enfin mes dernières félicitations vont à Antigone qui fut un adversaire acharné. Croyez-moi, plus d'un aurait abandonné à sa place, et donné des ordres purement défensifs en attendant que sa capitale tombe. Et bien pas lui ! Nous avons eu un Antigone de grand talent, avec des ressources morales inépuisables (et épuisantes pour Cassandre !). Je pense que Séleucos pourrait dire la même chose de Ptolémée, qui semble s'être également défendu avec acharnement, mais j'avoue avoir concentré mon attention sur la Grèce et l'Anatolie plutôt que sur l'Egypte (où les "lignes de front" étaient beaucoup plus simples de mon côté et demandaient moins d'attention de ma part). En un mot, merci Messieurs, ce fut une jolie partie !

Samuel

Commentaire de l'arbitre/Loïc

Cette partie acharnée est de loin la meilleure que j'ai jamais arbitrée. La lecture des excellents compte-rendus ci-dessus en témoigne : on est motivé pour en écrire un quand on a apprécié la partie.

Heureusement que je ne suis pas cardiaque, car les retournements de situation ont été nombreux. Voir encore les 6 joueurs en lice en -310 est rare.

Je pensais que Séleucos obtiendrait la victoire par un effet de rouleau compresseur, car toutes les conditions étaient en sa faveur : conflit Lysimaque/Antigone/Eumène et Cassandre/Ptolémée. Mais comme il a été souligné ci-dessus, l'attaque de Tyane n'a jamais eu lieu. Manu, tu a semblé oublier que la partie se gagne au milieu de la carte et que, pour ce faire, il ne faut jamais laisser une alliance Antigone/Eumène s'installer.

Je félicite les joueurs pour leur ponctualité, leur respect de l'arbitrage et leur constance dans le jeu. Merci à Jérôme et Richard pour leur remplacement, qui a contribué à la qualité de la partie. Mieux vaut un remplacement qui modifie la donne diplomatique et stratégique que la gestion par l'arbitre ou pire, l'ONR pur et simple.

Loïc

Suite au commentaire d'Eumène/Guy

Ha ha ha, Emmanuel, tes talents sont dépensés depuis longtemps et crois moi que j'en ai fait un bon usage.

Dans ton compte-rendu, j'ai l'impression d'avoir fait la course en tête. Or que nenni, j'ai été pendant un nombre impressionnant de tour à la merci de mon allié Antigone. Heureusement pour moi que Roger n'a pas fait volte-face car si je l'ai sauvé en début de partie et que je l'ai poussé à prendre tous les risques contre Cassandre, il est devenu bien plus puissant que moi car vous m'aviez pris quelques citadelles majeures entre temps et mes gesticulations n'ont servi qu'à laisser les mains libres à mon allié pour progresser.

Par contre c'est un peux vrai que mes conseillers militaires étaient écoutés très attentivement par mon allié et que tout était organisé entre nous comme du papier à musique (sans fausse note; ha ha ha).

Tu as commis une grave erreur qui m'a ensuite servit pendant toute la partie : Tu m'as envoyé exactement la même lettre de négociation qu'à Antigone. Dans ta lettre qui était assez longue, tu nous proposait d'attaquer l'autre. Alors comme j'ai eu la bonne idée de communiquer cette lettre à Roger et que lui en voyant ça en a fait de même pour moi, cela a renforcé très fortement notre alliance.

En ce qui concerne les joueurs de remplacement je ne suis pas du tout d'accord avec toi.
  1. Les forcer à jouer dans la ligne de leur prédécesseur n'a aucun sens, c'est inapplicable. En plus pourquoi ?
  2. Les remplacement sont une des dimensions du jeu. Il faut les prendre en compte et c'est super. Tu arrive à décourager un joueur qui était contre toi et plutôt que de te donner raison il abandonne. Ensuite, un petit briefing pour le nouveau et tu le fais tomber dans ton camps. C'est ça la diplo, on ne fait pas du wargame.
    Regarde Lysimaque : Le premier était contre nous. Je lui fait un lavage de cerveau mais sans succès, son allié le trahit il craque et fait tomber son remplaçant dans mon camps. C'est décisif pour la partie, mais comme on ne veut pas l'associer à la victoire on le trahit. Il craque et abandonne, le nouveau Lysimaque est un bon joueur et je n'arrive pas à le convaincre, il vient dans ton camps. Au bout d'un certain temps j'arrive à le convaincre de voter pour ma victoire. SUPER.
De plus, les diplo que j'arbitre vont toujours au bout. Certaines commencent avec des joueurs et finissent avec d'autres. Les parties vivent comme les pays, les dirigeants passent mais la vie continue. C'est pour moi une dimension essentielle du jeu.